La tentation d'AWS. Amazon Web Service nous propose tout, tout de suite, à la portée d'un clic. Vous devez céder de manière aussi impulsive que pour acheter le dernier Marc Levy. Votre âme, euh, votre carte bleue leur appartient déjà : One click to buy©. Google, avec son Google App Engine , son offre équivalente à AWS, propose approche plus pédagogique. Quand on prend du GAE, on le sent passer : le code est spécifique et contraignant, le python périmé (était, c'est du joli 2.7 maintenant, sinon, tu n'as qu'à faire du go, comme tout le monde), le résultat chaotique, tout ça pour avoir le frisson de la big table et du scaling intergalactique. Tel un Pablo Escobar dealant à un coin de rue, Google nous préviens : "Nous, on scale, mais toi, ta carte bleue, elle scale?". AWS est le nouveau caïd. Internet a de toute façon un modèle binaire, un gagnant, plein de loosers. Aucune offre de Cloud alternative ne propose autre chose qu'une dedibox virtualisée. Joyent peut être? Ne cherchez pas, la CIA (les gentils dans HomeLand, les méchants dans JFK) demande gentiment à Amazon la permission d'avoir un petit bout d'AWS, privé, rien que pour eux. Voilà, fier conquistador, barbu, dans ton armure de certitude, tu penses avoir trouvé, toi, l'El Dorado? Tu finiras comme tout le monde, bouffé par les moustiques, vaincu par des filles aux seins nus : les amazones. Aguirre était un DSI.
La virtualisation est un acquis, le Cloud une promesse. Il est indispensable de se précipiter, mais pas n'importe comment. Il y a eu une première vague de méta Cloud, comme Heroku ou Wowza, qui permet de faire de l'Amazon sans le savoir. Cette approche, bien que sympathique, ne défait pas le lien à Amazon, et même le renforce, tel un additif dans le tabac blond. La nouvelle vague propose de casser ce lien, sans renier l'existant, ni hypothéquer le futur. Open Stack continue son chemin vers le standard de fait, de devenir le "one ring to rule them all", Paypal et eBay viennent de faire la bascule , mais ça n'émeut pas plus que ça les utilisateurs. En fait, l'utilisateur veut du Cloud en "no name", comme il veut un PC pour installer son Ubuntu, le nom qu'il y a marqué sur le capot, il s'en fiche un peu, surtout si ladite machine est enfermée dans un lointain datacenter, dans une armoire. L'ère du prestige de Cray, Silicon Graphic et Sun est clairement révolue. La vague, donc, est à la standardisation, une légère couche de driveurs pour construire par dessus quelque chose de standard et versatile. Docker.io en est un exemple, mais il en existe d'autres, moins libre comme Stackato , d'Active State, dont le slogan semble être : la qualité de l'open source avec la finition du logiciel propriétaire (et non le contraire, comme le laisse entendre leurs whitepapers). S'appuyant sur Cloud Foundry Stackato propose de gérer aussi les virtualisations les plus exotiques et propriétaires. Etonnement, Mozilla Service utilise des stackato.yml pour tous ses projets en python, juste après avoir fait une déclaration d'amour à AWS (il faut que son Persona soit infaillible et "web scale", du premier coup). Ce manifest semble être utilisé comme standard de fait pour décrire le besoin d'hébergement du service, un peu comme Heroku a imposé son format Procfile ou Amazon son stockage S3. Ce n'est pas une super nouvelle pour les standards, mais bon, je ne suis pas sur qu'un passage par Oasis fasse rêver les développeurs pressés.
Du Cloud, oui, mais sans engagement.