Les 10 commandements de l’éco-conception d’infrastructures chez Bearstech

On parle souvent de l’impact de l’industrie du numérique en termes de coût énergétique. En tant qu’hébergeur et infogéreur, c’est un vrai défi de concilier les besoins de performance des services en production et la nécessaire sobriété des coûts énergétique.

Dans le monde des SCOP et des SIC, les modèles économiques qui prennent en compte les enjeux climatiques sont nombreux (par ex la Coopérative Mu, ou l’Atelier TAC). Ils permettent des pratiques innovantes qui essaiment un peu partout.
Chez Bearstech, la question de la sobriété et de l’éco-conception est devenue un axe de développement à part entière, qui nous aide à définir une méthodologie globale dans nos missions d’infogérance.

Notre méthodologie de l’éco-conception peut se résumer à ces dix commandements :

1. quand on n’a pas besoin d’un serveur, on l’éteint
2. ne consommer que ce dont on a besoin et pas au-delà
3. faire durer autant que possible
4. mesurer pour superviser et optimiser
5. maîtriser les ressources et la chaîne d’approvisionnement
6. connaître ce qui fonctionne et l’exploiter de manière optimale
7. instaurer un climat de confiance pour mieux conseiller
8. prévenir plutôt que guérir : apporter les outils nécessaires
9. être exigeant sur la sécurité et la transparence
10. mener une veille constante, faire preuve de lucidité, et garder la tête froide

Nous donnons une place primordiale à la sécurité et à la fiabilité des infrastructures que nous concevons et infogérons. Cela se répercute sur des choix qui favorisent les coûts énergétiques : en amont, ce sont des choix d’architectures, et en aval ce sont les mesures qui valident les bons critères de performances.

Voici les 4 critères sur lesquels nous intervenons pour réaliser des infrastructures éco-conçues :

• le choix du datacenter
• le choix du matériel
• le choix d’architecture
• la mesure pour valider ces choix et les ajuster en continu

1. choix du Datacenter

Le Datacenter permet de concentrer un maximum de serveurs dans un minimum de place, et ainsi d’optimiser la consommation électrique de ses équipements, mais cela nécessite un refroidissement constant du bâtiment. Ce choix doit aussi prendre en compte les critères de sécurité, de redondance, etc… qui permet de garantir la disponibilité matérielle nécessaire à l’exploitation en production.

Nous louons nos baies dans un DC qui est alimenté à 100% par des énergies renouvelables, et qui possède un bon rapport énergétique (PUE) : cela veut dire que l’énergie dépensée pour le refroidissement du DC est utilisée au minimum pour favoriser le fonctionnement des équipements. Plus ce ratio est proche de 1, plus l’efficacité énergétique du datacenter est élevée. Il va donc mesurer la quantité d’énergie perdue, ou pas, notamment à travers le système de refroidissement. Notre datacenter a un PUE lissé annuel de 1.37 (https://pue.dc3.scaleway.com/fr/) ce qui est dans la bonne moyenne des datacenters.

2. choix du matériel

Rappelons que 80% de l’énergie dépensée dans ce domaine concerne la fabrication et le recyclage du matériel, et que les 20% restants sont dédiés à leur utilisation (cf étude du GreenIT sur l’Empreinte environnementale du numérique mondial de 2019).

Si 80% du coût énergétique du matériel vient de sa fabrication, nous orientons nos choix pour des équipements de qualité, robustes et réparables (donc cher), qui nous permet de garantir une durée en exploitation optimale de plus de 10 ans (au contraire des très gros acteurs qui peuvent avoir des politiques de renouvellement de matériel sur des cycles courts)

Une fois que les machines ne garantissent plus un niveau d’exploitation suffisant, nous les donnons à des associations qui pourront les utiliser avec moins de contraintes.

3. choix de l’architecture

Nous sommes des experts de la virtualisation : nous pouvons donc optimiser au maximum les capacités physiques des serveurs pour empiler des machines virtuelles que nous mettons à la disposition de nos clients.

Nous privilégions une relation étroite avec eux pour comprendre au mieux leurs besoins, pour leur faire des préconisations d’optimisations qui leur fera économiser des coûts d’exploitation. Nous réalisons aussi des audits de performance qui permettent de valider ces optimisations.

Par exemple, par rapport à une architecture chez AWS, nous pouvons faire baisser de moitié les coûts d’exploitation : car le nombre de serveurs / services est réduit au strict nécessaire, et nous avons l’expertise indispensable pour implémenter les services sous leur forme standard et garantir leur bon fonctionnement.

4. mesurer

La métrologie est le point de cautionnement de tout ce qui précède : nous avons mis en place un ensemble d’outils qui nous permettent d’avoir une vision d’ensemble de l’état des services pour notre monitoring, et aussi pour obtenir des données objectives sur l’impact énergétique de chaque serveur en exploitation.

Ces données sont remontées sous la forme d’empreinte carbone dans le dashboard de pilotage que nous mettons à la disposition de nos clients, qui agrège à la fois le coût énergétique de fabrication, et de fonctionnement de l’infrastructure qu’ils utilisent.

Nous donnons la possibilité à nos client d’agir sur cet indice en leur permettant de limiter leur consommation en améliorant les performances de leurs applications, tant au niveau de l’utilisation des ressources du serveur que de celles utilisées chez l’utilisateur final.

Pour cela nous leur mettons un outil à disposition qui calcule l’éco-index (avec Sitespeed “sustainable” plugin) de leurs applications, et qu’ils peuvent déclencher à volonté, notamment pour visualiser l’impact sur les performances d’une mise à jour avant sa mise en production.

conclusion

Notre démarche s’inscrit à la fois dans le respect des bonnes pratiques, et dans une volonté d’efficacité des performances de nos infrastructures : ce souci d’efficacité se traduit nécessairement par une optimisation de la consommation des ressources, et de ce fait de la consommation d’énergie.

Cela nécessite en amont un travail de conception non négligeable et qui peut être parfois ardu, mais qui se répercute toujours sur les coûts d’exploitation.

En informatique, comme ailleurs, on ne peut pas faire d’économie d’énergie électrique sans en dépenser beaucoup en conception pour avoir une démarche sobre, responsable, fiable et mesurable.